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Iguazú, une biodiversité en chute face au tourisme de masse ?

Photo du rédacteur: Chloé CossinChloé Cossin


Au niveau de la frontière qui sépare le Brésil de l’Argentine, des touristes du monde entier se bousculent pour pouvoir admirer le spectacle des majestueuses Cataratas de Iguazú. Cet amphithéâtre de granite duquel s'écoulent les eaux du fleuve Iguazú est le résultat du soulèvement d'une plaque le long d'une faille, lors de la rupture du massif brésilien il y a 200 000 ans. Cet évènement géologique passé est un avènement pour la région qui vit des nombreux services écosystémiques qu'il génère.


Tourisme et Préservation peuvent-ils encore faire bon ménage ?



Le site d’Iguazú est classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984. Il doit ce statut notamment grâce au paysagiste français, Charles Thays, qui entreprend la création et l’aménagement du parc en 1902 afin de préserver son patrimoine naturel d’exception. Dans les premiers temps après l'ouverture du parc, les profits générés, croissant avec la notoriété du site, permettent de soulever des fonds nécessaires à la mise en place de plans de préservation et à la pérennité de ce biome. Le tourisme s'impose alors comme une manne financière et devient la clé de voute économique de la région. Mais Charles Thays aurait-il pu imaginer l'ampleur que prendrait cette attraction au beau milieu de la forêt tropicale ? Lorsqu'on sait que le site draine plus de deux millions de visiteurs par an et que la tendance n'est pas à la régulation du tourisme de masse, on est en droit de se demander si activité touristique et protection peuvent encore cohabiter harmonieusement...


Outre ses chutes grandioses, le site recèle en effet d’une abondante biodiversité qui passe quasi inaperçue aux yeux des nombreux visiteurs, en quête de photos Instagram sensationnelles. Pourtant ce sont plus de 2000 espèces de plantes, 80 d’arbres, 400 d’oiseaux et 83 de mammifères qui peuplent la région. Les stigmates des activités humaines sur la balance écosystémique sont dores et déjà visibles...


"Le coati (Nasua nasua), nourri par les visiteurs, est un exemple édifiant de l’impact anthropique sur l’équilibre trophique"

Le coati (Nasua nasua), nourri par les visiteurs, est un exemple édifiant de l’impact anthropique sur l’équilibre trophique. En effet, le document du plan de gestion du parc identifie l’habituation des animaux à un contact avec l’humain comme une des causes de l’altération de la faune sylvestre. La liste des menaces liées à l’activité touristique ne se borne malheureusement pas à cela. Le trafic routier au sein du parc, l’activité de l’aéroport et la régulation du flux de visiteurs des points critiques qui devraient, à l’avenir faire l’objet de plus d’attention. Pourtant, en 2022, le parc est racheté aux enchères par le Consortium PNI qui, par un investissement de plus d'un million de dollars souhaite enclencher les travaux de modernisation du site dans le but de pouvoir accueillir le double de visiteurs...





Exploitation hydroélectrique, source de tension dans la région

C’est avec justesse que le site est appelé « grandes eaux » par le peuple Guarani (« y » (eau) + « guasu » (grand)). En effet, chaque seconde, ce sont jusqu'à 6 millions de litres d’eau qui s’écoulent des 275 cascades qui composent les chutes. Afin de vous donner un meilleur aperçu, cela équivaudrait à 120 piscines olympiques par minutes ! Les entreprises hydroélectriques brésiliennes y voient une aubaine et, dès 1980, construisent leur premier barrage. En 2018, c'est une sixième centrale hydroélectrique, "Baixo Iguaçu", qui sort de terre pour je cite : "colaborer activement au maintien de l'équilibre des eaux et garantir le débit des célèbres chutes d’Iguazú". Le groupe hydroélectrique brésilien peut bien se targuer d'être garant de l'intégrité du patrimoine d’Iguazú, le responsable du parc argentin, quand à lui, dénonce l'impact de leur activité. En effet, l'équilibre de l'écosystème du site est intrinsèquement lié à l'eau des chutes et notamment à son débit et sa quantité. Or, pour produire les 350 MW d'électricité promis, la centrale Baixo Iguaçu, située à seulement quelques km en amont du parc, impacte fortement le débit des chutes. Aux longues périodes de retenue de l'eau qui assèchent le cours d'eau succèdent les brutales lâchées qui sont souvent faites sans consultation des gestionnaires du parc. Ainsi, un conflit d'intérêt autour de la ressource en eau menace la prospérité de ce joyau planétaire pouvant, selon le responsable du parc, devenir une préoccupation internationale.


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1 comentário


Daniel Dosias
Daniel Dosias
20 de abr. de 2023

L’an dernier il n’y avait plus chutes ! Sécheresse ! Les marais du plateau étaient secs et 50% avaient brûlé !

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